Vendredi 26 avril 2024
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Par Louise Lenoir-Pépin Référence : 3536 Date édition : 2019 Format : 20 X 30 ISBN : 978-27586-1056-4 Nombre de pages : 282 Première édition : 1945 Reliure : br. Prix: 42.00€ |
Sur la frange littorale, Agon fait figure de commune originale. Originale elle l'est en effet, avec ses charrières symétriques lancées au travers des mielles bossuées de dunes, ses murons de pierres sèches et ses maigres haies de peupliers secoués par les vents du large qui divisent et limitent les sables. Originale encore avec ses aspects variés et imprévus qui révèlent une économie mixte, maritime et terrienne. Tandis qu'au Bocage coutançais la vie s'est figée en des besognes séculaires, toute la côte, Agon surtout, montre une évolution brusquée et une suractivité. Deux ressources parallèles se partagèrent longtemps le pays : la marine et l'agriculture. De la mer vinrent jadis les produits de la pêche ou du grand commerce, les lourdes cargaisons des villes hanséatiques, les bois, la laine et le tabac, tandis que s'en allaient à grandes flottes vers les îles anglo-normandes et au-delà, les célèbres toiles de Coutances, les cuivres ouvrés et tant de marins, de contrebandiers et de corsaires. Á proximité du rivage, l'homme travaille une terre sans opulence, mais très améliorée par l'apport millénaire des engrais marins, une terre émiettée en une infinité d'exploitations, autrefois vouée aux labours, mais qui n'a pas résisté au courant qui la poussait vers l'élevage. Et depuis un demi-siècle un renouveau : le développement d'une station balnéaire et de résidence. D'intenses mouvements de population ont brassé les hommes, modifié l'économie, donné à ces rivages une fonction régionale. Ainsi des noyaux humains assez denses, un habitat très mélangé, une population cosmopolite, une plage moderne, tout cet ensemble de faits distingue Agon, commune littorale, du Bocage coutançais. Vivre tour à tour et à la fois de la mer, de la terre et de la villégiature, n'est pas une destinée banale. Agon en tire sa personnalité géographique faite avant tout d'oppositions entre les terroirs, les formes d'habitat, les populations, les courants sociaux, les genres de vie dont aucun n'a pu s'emparer totalement. De leurs sols infertiles, âpres et rebelles à l'effort humain, à peine valorisés par le travail, les habitants se sont affranchis pour subsister surtout de la circulation du numéraire apporté de l'extérieur. Que sera Agon, dans quelle voie sera sa fortune ? Comme toute cité de résidence, elle a eu quelque chose d'imprévu et d'illogique dans son développement mais elle peut espérer s'adapter à toutes les conditions de la vie, puisque toutes les activités se sont mêlées dans son passé ou son présent.© Micberth
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