Vendredi 13 décembre 2024
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Par Charles Serfass Référence : 3145 Date édition : 2012 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0629-1 Nombre de pages : 272 Première édition : 1928 Reliure : br. Prix: 36.51€ |
Longtemps avant Luther, les hérétiques furent présents en Champagne. Les idées nouvelles importées par les marchands cathares qui fréquentaient les foires, fleurirent là comme ailleurs, de sorte que lorsque la Réforme éclata, elle trouva dans les milieux champenois un terrain tout préparé. Elle ne se serait pas développée à Wassy comme elle le fit, si les protestants, se fiant au fait que leur ville était royale, ne s'y étaient pas sentis en sécurité. Mais les Guise ne cessèrent de prétendre exercer un droit de regard sur la cité et firent de l'hérésie un prétexte exploité dans un but politique. Depuis le Moyen Âge, Wassy jouissait du curieux privilège d'asile : quiconque se trouvait molesté dans les terres seigneuriales environnantes pouvait s'y réfugier, ce qui explique que François de Guise jugeait que la plupart des habitants « estoient gens scandaleux, arrogans et fort téméraires ». Lorsque Jean Gravelle arriva pour la première fois de Troyes, le 12 octobre 1561, il tint une assemblée privée dans la maison d'un marchand-drapier, à laquelle cent vingt personnes assistèrent. Le lendemain, il en vint cinq ou six cents et encore davantage à chaque prêche, de sorte qu'il fut obligé de parler à découvert, dans la cour de l'hôtel de ville. Lors de la deuxième visite de Gravelle à Wassy, une dispute publique l'opposa, le 17 décembre 1561, à l'évêque de Châlons qui menaça de faire déloger les huguenots ; elle fut une des principales causes du massacre. François de Guise était alors décidé à « resciser » l'édit, comme il le déclara lui-même. Il ne lui manquait qu'une occasion qu'il trouva à Wassy le 1er mars 1562. Les traditions catholiques et protestantes diffèrent sur le récit des événements, mais l'émotion que suscita le massacre en France et à l'étranger, fut lourde de conséquences. Les enquêtes aboutirent, malgré les efforts des députés de l'Église de Wassy, Bèze et Francourt, à un arrêté du Parlement, le 31 décembre 1563, déclarant François de Guise non coupable et ordonnant le démantèlement de Wassy. Les gens dévoués aux Guise continuèrent à mener la chasse contre les réformés wasseyens qui prirent les armes. De 1562 à 1594, date de l'entrée d'Henri IV à Paris, la France ressembla, a-t-on dit, à un hospice d'aliénés ; divisés, les Français semblaient avoir juré de s'exterminer. En 1614, un nouveau temple fut construit dans la rue de l'Etang-le-Roy, en compensation de la grange dont les protestants avaient été dépossédés, conformément à l'article 16 de l'édit de Nantes.© Micberth
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