Mardi 17 septembre 2024
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Par Jean-Emmanuel Crédé Référence : 3099 Date édition : 2013 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0580-5 Nombre de pages : 254 Première édition : 1906 Reliure : br. Prix: 33.47€ |
Julien Verien, en naissant le 28 juillet 1756, eut le privilège de vivre dans deux mondes : un demi-siècle sous l'Ancien Régime, un demi-siècle au milieu d'une société qui fit l'essai, plus ou moins heureux, d'institutions nouvelles. Sous douze gouvernements différents, il fit son devoir de citoyen et servit son pays, se dévouant à la cause publique sans trop se préoccuper du nom et des qualités du pouvoir, et laissa des notes qui révèlent la difficulté de ces jours du bon vieux temps. Cinquième enfant de la famille, il dut quitter l'école de bonne heure, sa mère étant morte alors qu'il n'avait que six ans, pour être un peu la servante au logis et faire son apprentissage de tonnelier-vigneron, tout en mettant « en écrit » les dépenses et les recettes faites pour l'église, sous la dictée de son père, marguillier en charge, c'est-à-dire administrateur du temporel de la paroisse. Curieux de tout et désirant s'instruire, il n'hésita pas à se rendre à Sens, en plein hiver, alors qu'il n'avait que neuf ans et demi, arpentant, chaussé de ses sabots les mieux fumés, dix lieues dans la journée, pour assister aux funérailles du Dauphin Louis, père de Louis XVI. Il était fortement attiré par les choses de la science et son habileté à manier le graphomètre et la boussole lui valut son surnom, d'autant plus justifié que l'expression « avoir une bonne boussole » s'appliquait alors aux hommes de tête. Sous la Révolution, il fut nommé officier public, conduisant ses concitoyens au champ de l'éternel sommeil, et en unissant d'autres par le mariage. Il donna à son quatrième fils le nom de Jean-Germinal : en ces temps du calendrier républicain, on sacrifiait un tant soit peu aux saints et des prénoms tels que Marianne-Fraise ou Jacques-Lapin firent leur apparition. Toutes les administrations locales firent appel à Verien-la-Boussole. Suppléant du juge de paix, membre de la commission de l'hospice, secrétaire de l'administration municipale du canton, il était commissaire de la municipalité, lorsque les Russes entrèrent à Saint-Julien. Trompant la vigilance de l'ennemi et escaladant les murs de la ville, il s'en alla jeter les fusils dans un vivier plutôt que de subir l'humiliation de les rendre aux vainqueurs. Seul fonctionnaire public avec le curé de la paroisse, en 1832, alors qu'il avait déjà soixante-seize ans, c'est lui qui alla, de maison en maison, accomplir au milieu des morts et des mourants frappés par le choléra, la peste ou la famine, les froides formalités de la loi.© Micberth
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