Lundi 16 septembre 2024
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Par l'abbé Provost Référence : 2936 Date édition : 2010 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0406-8 Nombre de pages : 570 Première édition : 1912 Reliure : br. Prix: 68.97€ |
Au moment où commence ce récit, en 1870, Loigny n'est qu'un humble bourg de Beauce aux maisons d'apparence chétive et aux toits de chaume, qui ne compte pas plus, hameaux compris, de 435 habitants. Il deviendra cependant le théâtre de la bataille du 2 décembre qui met en pleine lumière la vérité sur la guerre de 1870 : ce fut « un châtiment public qui, accepté chrétiennement, serait devenu pour nous une rédemption ». Nulle part, on ne trouve comme à Loigny une série de revers qui succèdent aux victoires de la veille au soir et aux avantages de la matinée. « C'est l'avortement de toutes les combinaisons politiques, la chute de toutes les espérances humaines, en même temps que l'immolation volontaire des plus saintes victimes ». À la faiblesse organique de la France s'est joint un ensemble de coïncidences malheureuses qui, même dans l'esprit de l'ennemi victorieux, donne la sensation que la chance, ou la Providence, plus que le mérite, est à l'origine de la tournure que prirent les événements. Avec l'aube du 2 décembre apparut une lueur d'espoir pour les habitants de Loigny. Ils crurent sortir d'un lourd cauchemar, voyant l'ennemi s'éloigner et leur village reprendre un peu de liberté. Puis les soldats français commencèrent à arriver, sous l'acclamation des villageois, alors qu'une observation attentive de la plaine, depuis le haut du clocher, permit de constater la présence des Prussiens, évalués à cet instant à 40 000, tandis que la division Barry qui marchait en première ligne ne comptait, quant à elle, que 11 000 hommes, presque tous des mobiles sans instruction. Quand à neuf heures, le premier coup de canon retentit, des nuées de corbeaux planaient au-dessus des deux armées, leurs coassements sinistres semblant appeler le festin que la lutte allait leur préparer. Presque toute la population s'était mise à l'abri ; on vit cependant une pauvre vieille affolée de terreur, poussant ses vaches qu'elle avait su soustraire aux réquisitions de l'ennemi, ou ce père et son fils attardés atteints par un obus dans leur fuite désespérée : le jeune ne fut que blessé, le vieillard succomba. Les prêtres qui sont allés sur le champ de bataille ou dans les ambulances assister les blessés, ont « entendu des mots sublimes, connu des sacrifices héroïques, vu mourir de nobles enfants » dont la mémoire, qui demeure « la consolation de ceux qui ne veulent pas désespérer de la France », mérite d'être conservée à tout jamais.© Micberth
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