Lundi 20 janvier 2025
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Par Paul Montarlot Référence : 2897 Date édition : 2010 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0364-1 Nombre de pages : 282 Première édition : 1898 Reliure : br. Prix: 35.50€ |
Incontestablement, le fait le plus remarquable de l'histoire d'Issy-l'Évêque s'est déroulé sous la Révolution. Jean-Baptiste Carion, curé du village depuis 1781, candidat malheureux à la députation, décida que ce que les électeurs ne lui avaient pas permis de faire pour la France, il le ferait pour sa paroisse. Il convoqua ses ouailles à une assemblée à laquelle ne participèrent ni les notables ni les propriétaires, et durant laquelle il donna lecture d'un document intitulé « Formation du comité et conseil d'administration des ville et commune d'Issy-l'Évêque ». Quatre-vingt-dix articles réglaient et codifiaient tous les aspects de la vie d'une cité : force publique, police municipale, voirie, octrois, système pénitentiaire, amendes et confiscations, budget de la fabrique, vente et circulation des grains, rapports des fermiers et des métayers, etc., sans oublier les stations tardives au cabaret et les danses de nuit. « Éblouis par la science politique de leur curé », les naïfs paysans qui composaient la réunion ratifièrent aveuglément le règlement de Carion et lui conférèrent la présidence du comité. Dotée d'une administration, d'une milice et de tous les organes nécessaires à son existence propre, la ville devenait ainsi autonome. Le curé d'Issy-l'Évêque qui gouvernait déjà les consciences, concentra alors tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. « Il appliquait lui-même les lois qu'il avait faites et exécutait les jugements qu'il avait rendus en vertu de ces lois ». Celui qui venait de prendre le statut de dictateur recruta son état-major et « une bande », toujours prête à exécuter le moindre de ses ordres. Les abus d'autorité et les expéditions punitives autorisées en cas d'indifférence et de mauvaise volonté jetaient l'effroi dans la population jusqu'à ce que deux hommes, excédés par les expropriations régulières, portent plainte. Sept mois de détention pour crime de lèse-nation et la défense de Robespierre conclurent l'épopée de ce dictateur qui n'était peut-être au fond qu'un naïf et un présomptueux qui, à l'heure où les institutions du pays tombaient une à une, crut que chaque groupe local avait le droit d'appliquer à sa guise la constitution qu'il s'était donné.© Micberth
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