Vendredi 13 décembre 2024
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Par J.-B. Thuot Référence : 1178 Date édition : 2002 Format : 14 X 20 ISBN : 2-84373-169-0 Nombre de pages : 232 Première édition : 1878 Reliure : br. Prix: 28.40€ |
Il fallait un historien féru de sciences naturelles et d'archéologie, comme J.-B. Thuot, pour retrouver le passé de Guéret et en retracer les étapes principales, tant l'antiquité du site et ses éléments géologiques ont tenu une place importante dans son histoire. Confronté à la rareté des documents et à l'absence d'ouvrage consacré à la cité dans l'historiographie régionale, cet amoureux du chef-lieu de la Creuse a recensé les quelques archives disponibles et les objets qu'il a lui-même découverts sur le terroir, pour en tirer des informations qu'il pouvait exploiter à coup sûr. « Pour plus de sûreté, note-t-il, nous nous sommes borné à désigner ceux (les objets) que nous-même nous avions recueillis. » C'est grâce à ce travail de découvreur, réalisé sur le terrain, qu'il a d'abord pu décrire, avec tant de charme et de minutie, la montagne du Puy-de-Gaudy, qui se trouve à 3 km, au sud-sud-est de la ville, éminence qui domine le pays d'alentour et qui est à l'origine de la ville de Guéret, avant d'évoquer avec la même précision les occupants qui s'y sont succédé et la manière dont ils ont utilisé ce lieu privilégié. L'exhumation de fragments de poterie (séchée), de bracelets en lignite, d'une monnaie d'argent « au type de Bélénus » et d'un grattoir en silex montre que la montagne fut habitée par les Celtes ; de même que les traces d'un agger, des tuiles à rebords, des débris d'amphores et une pointe de javelot (cuspis) révèlent un habitat gallo-romain. Et de la présence, pendant plus de deux siècles, des Visigoths, dans cet endroit, il ne resta longtemps que l'enceinte de leur forteresse, nommée Ribandelle, fabriquée en granit vitrifié, avec du feu grégeois.
C'est après leur expulsion (au VIIIe siècle), dans le terreau même de ces trois civilisations que Waractum (puis Garactum et Guéret) fut fondée, en même temps que son prieuré, rompant avec le paganisme précédent, mais bénéficiant de l'importance stratégique du lieu au point de devenir aussitôt un centre administratif. Capitale du comté dès le Xe siècle, sous une autorité seigneuriale religieuse, la cité obtient, en 1406, une charte qui stipule que « les habitants sont et seront en icelle ville de franche liberté et condition », mais qu'ils devront payer au comte « à chacune feste de saint Michel, de taille franche, vingt livres tournois ». C'est en 1440 que Charles VII adressa, de Guéret, une lettre (le 2 mai) aux habitants du Dauphiné, pour les engager à ne pas prendre part à la révolte dite de la Praguerie ; c'est en 1521, le 27 avril, que la Coutume de la Marche fut promulguée au sein de la cité, en l'absence des délégués de Felletin ; et c'est à la fin du XVIe siècle que le château fut rasé sur ordre d'Henri IV, pour empêcher les ligueurs de s'y réfugier. En 1635, nouvelle déclaration d'hostilité de Felletin, lors de l'établissement d'un présidial, à Guéret, dont allait relever le comté tout entier. La ville voisine crie à « l'usurpation ». Et en 1790, quand Guéret est proposée pour être le chef-lieu du département, c'est Aubusson, cette fois, qui proteste, alléguant de sa propre importance. Le débat est vif entre les deux cités, mais c'est Guéret qui l'emporte. L'ancienne capitale du Pagus waractensis a encore gagné.© Micberth
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