Mercredi 24 avril 2024
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Par Émile Auzou Référence : 3373 Date édition : 2015 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0880-6 Nombre de pages : 392 Première édition : 1897 Reliure : br. Prix: 49.00€ |
Au temps de la préhistoire, le golfe de la Grande-Brière se vidait, non pas par le Brivet et l'étier de Méan, mais directement dans l'anse de Penhouët. Les alluvions du fleuve et du ruisseau provenant de l'érosion des côtes l'emplirent jusqu'à détourner le ruisseau vers l'est. Les ossements et les outils retrouvés dans l'anse prouvent que le territoire était alors occupé par une peuplade qui employait à la fois le bronze et la pierre polie. En 56 avant Jésus-Christ, lorsque César entreprit de conquérir la région, il dut batailler contre les Vénètes qui opposèrent une forte résistance dans le golfe de la Grande-Brière qui était alors semé d'îles. Il gagna le combat en munissant ses soldats de faux à long manche pour trancher les cordages des vaisseaux que les Vénètes manœuvraient à merveille. Déjà riche du temps de son indépendance, la région le fut encore plus sous la domination romaine. Mais le pays fut ensuite dévasté de mille façons, attirant de nouveaux envahisseurs chaque fois qu'il retrouvait sa prospérité. Au début du XVIIe siècle, il se releva brusquement : la vente du sel, du blé et du vin, la pêche l'enrichirent. De solides maisons en granit, aux portes arrondies et à mansardes triangulaires furent construites à Guérande, au Croisic et à Batz. La prospérité s'arrêta avec la guerre de Hollande. La pêche fut suspendue et ne reprit qu'au siècle suivant grâce, en partie, aux travaux du duc d'Aiguillon qui fit construire les phares du Commerce et d'Aiguillon, les quais du Croisic et la chaussée de Penbron. Peu à peu, une « petite bourgeoisie vaniteuse » acheta dans les villes les innombrables charges que la royauté créa pour en tirer un profit d'un instant. Elle abandonna la pêche, vécut de ses rentes et de la justice, traita le peuple avec morgue. En pleine saison, les presses à sardines furent fermées pour y installer des écuries pour les chevaux de la noblesse. D'autres industries furent arrêtées car elles sentaient trop mauvais. Les procès se multiplièrent entre les communes. Saint-Nazaire, dont le budget était déjà grevé par ses propres dépenses militaires, refusa de contribuer à l'entretien des fortifications et de la milice de Guérande : la bataille juridique dura de longues décennies. Puis le chemin de fer, en amenant les nomades d'été, bouleversa le paysage économique de la presqu'île. Les paysans trouvèrent en ces touristes des consommateurs faciles. Ils firent bâtir des maisonnettes puis des chalets plus confortables et jouirent de beaux loyers. Les baigneurs pouvaient ainsi profiter de l'eau froide qui « cambre les reins, donne de l'agilité, du coup d'œil, de l'audace ».© Micberth
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