Jeudi 14 novembre 2024
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Par Suzanne Deck Référence : 3146 Date édition : 2012 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0630-7 Nombre de pages : 348 Première édition : 1924 Reliure : br. Prix: 45.64€ |
Lorsque, sous Richard Ier, le comté d'Eu fut constitué et donné à Godefroy, fils naturel du duc de Normandie, le pays était presque entièrement couvert par les forêts. Les comtes eurent alors tout intérêt à faire des concessions aux paysans pour les encourager à défricher et à mettre en valeur ces vastes terrains jusque-là improductifs. Assise au débouché de la vallée verdoyante de la Bresle qui forme la limite naturelle entre la Normandie et la Picardie, la cité d'Eu bénéficia d'une position avantageuse d'un point de vue tant militaire que commercial. Au XIe siècle, elle n'était qu'une forteresse, puis les cultivateurs, les marchands, les artisans, vinrent s'installer dans un quartier nouveau, le bourg, qui resta, même après les accroissements successifs de la ville, le principal centre de la vie économique. Á côté de ces burgenses qui bénéficiaient d'une condition particulière, vivaient au siècle suivant d'autres hommes libres, anciens serfs attachés au domaine seigneurial et récemment affranchis. Lorsque Jean Ier leur octroya une charte d'affranchissement, les Eudois convinrent d'adopter les usages de Saint-Quentin. Le développement de la ville s'accentua alors, autour d'un noyau principal constitué par le château des comtes et l'abbaye Notre-Dame. L'enceinte fut remaniée, de nouvelles églises s'élevèrent et les faubourgs prirent peu à peu une extension considérable. La fertilité de la région poussait cependant les bourgeois à ne pas se désintéresser de toute exploitation agricole et ce caractère demi-urbain, demi-rural, contribua beaucoup à donner à la commune une stabilité, qui, en évitant l'émergence de grandes fortunes exclusivement soucieuses de leurs propres intérêts, préservaient les privilèges communaux. Au milieu du XIIIe siècle, la commune d'Eu et sa banlieue comptaient plus de 8 050 habitants. Une longue période de calamités s'ouvrit alors, par une épidémie de peste en 1348, à laquelle succédèrent la guerre, le brigandage et l'émigration. Lorsque les Anglais furent enfin expulsés, le gouvernement tenta de ramener les habitants en leur octroyant des privilèges et des avantages fiscaux. Le 18 juillet 1475, sur ordre de Louis XI, qui craignait un débarquement des Anglais, la cité fut presque entièrement brûlée ; seuls les moulins, les églises et quelques maisons furent épargnés. La courte campagne anglaise qui n'atteignit pas la Normandie ruina ainsi davantage la ville que toute la guerre de Cent Ans.© Micberth
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