Lundi 16 septembre 2024
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Par Georges Lebas Référence : 3306 Date édition : 2014 Format : 20 X 30 ISBN : 978-2-7586-0801-1 Nombre de pages : 290 Première édition : 1922 Reliure : br. Prix: 45.00€ |
Le soir du 30 juillet 1914, au Casino de Dieppe, le chanteur comique Polin est acclamé par une foule immense qui semble vouloir se hâter de rire, de peur d'avoir à pleurer le lendemain. Effectivement, trois jours plus tard, plusieurs centaines de réservistes envahissent ce même Casino aménagé en dortoir et rempli de bottes de paille. Le matin du 3 août, les mobilisés escortés par leur famille se rendent à la gare pour prendre les trains qui les conduiront à Rouen, Versailles, Cherbourg ou au Havre, selon qu'ils sont dans l'infanterie, l'artillerie ou la marine. Pendant plusieurs semaines, la population vit au rythme des maigres nouvelles que leur apportent les crieurs de journaux ou les premières lettres des soldats. Puis le 25 août, les Dieppois ont devant leurs yeux le visage sanglant de la guerre. Plus de quatre cents blessés remplissent un long train qui suit lentement le quai Duquesne et s'arrête en face du collège. Á leur arrivée, acclamés comme des héros, les malheureux sont transportés dans les automobiles des civils qui se sont précipités au premier appel. Les hôpitaux auxiliaires sont vite remplis et les dames infirmières accueillent les victimes dont la bonne humeur n'est nullement entachée par les souffrances. Sur les tableaux officiels, les nouvelles ne sont pas bonnes. Un communiqué apprend que « nous allons rester un temps sur la défensive » et que « nos pertes sont importantes ». Les habitants comprennent que l'offensive a échoué. Les dépêches des jours suivants apportent leur flot de malheur et d'inquiétude. Les émigrants belges et ceux du Nord qui ne cessent d'affluer, harassés et mornes, fournissent sur les combats de Péronne et de Bapaume des renseignements que les journaux n'ont pas donnés. Du récit des cruautés implacables des Allemands naît la panique. Nombreux sont ceux qui décident d'évacuer la ville. Rouen a déjà perdu 22 000 de ses habitants les plus aisés en quelques jours. Tandis que les optimistes constatent que Dieppe, très à l'ouest, paraît à l'écart du trait formidable dessiné par la colonne allemande qui descend de Lille sur Paris, les pessimistes craignent que des bandes de uhlans se détachent du gros de l'armée pour venir imposer une contribution de guerre, procéder à des réquisitions de vivres. Cela n'est en effet pas impossible, mais comment « faire suer en or » les Dieppois après une saison mauvaise, tandis que les charges sont considérables et l'avenir peu rassurant. Pour l'heure, les boulangers doivent produire plus de pain que lors des grandes fêtes locales, pour nourrir tous les réfugiés.© Micberth
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