Jeudi 14 novembre 2024
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Par Edouard-Eugène Delgove Référence : 2919 Date édition : 2010 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0386-3 Nombre de pages : 212 Première édition : 1866 Reliure : br. Prix: 26.37€ |
La puissante et noble famille des barons et seigneurs de Picquigny, vidames d'Amiens, aux innombrables possessions territoriales, s'est longtemps illustrée par la piété de ses membres. Guermond fut nommé patriarche de Jérusalem en avril 1118 ; son frère Eustache fonda plusieurs monastères dans les comtés d'Essex et de Northampton ; Gérard consacra une partie de sa belle fortune à des fondations pieuses et en particulier à celle de l'abbaye du Gard. Il choisit un site d'une « solitude à demi sauvage, propre à la vie cénobitique et dont le silence se prêtait merveilleusement à la prière », et couvrit l'abbaye de dons, bénéficiant alors de droits honorifiques qui consistaient principalement pour les moines à sortir avec croix et eau bénite au devant du vidame pour lui faire une escorte d'honneur, la première fois qu'il venait visiter l'abbaye. Mais les donations multiples que reçut l'abbaye du Gard devinrent rapidement source de contestations et de conflits, des intérêts rivaux se sentant lésés, soit par le bienfaiteur qui concédait ce qui ne lui appartenait pas, soit par les donataires qui attribuaient aux libéralités reçues des proportions qu'elles ne pouvaient avoir qu'au détriment d'autrui. En février 1191, la maison du Gard passa sous la protection de Philippe Auguste qui recommandait alors au bailli d'Amiens de veiller à ce que les débiteurs satisfassent à leurs obligations envers elle et que ses créanciers usent de patience et de délai. La prospérité de l'abbaye fut intimement liée au contexte de chaque époque qu'elle traversa. Elle profita de celle des croisades qui voulait qu'avant d'armer son bras pour des expéditions dangereuses, on cherche à attirer la protection de Dieu, en faisant des largesses aux maisons religieuses dans un but satisfactoire, pour le rachat des fautes et le salut de l'âme. Elle souffrit des maux publics qui furent la conséquence de la bataille de Poitiers, tout autant qu'elle fut maltraitée après la défaite d'Azincourt, complètement ruinée par les nombreux corps de troupes qui stationnèrent dans les environs pendant tant d'années. Elle bénéficia de la protection féconde du cardinal-abbé Mazarin qui fit réaliser d'importants travaux pour parfaire la beauté du site. Elle subit la Révolution, malgré « une visible protestation du ciel » lors de sa démolition. L'arrivée du chemin de fer, enfin, provoqua sa désertion par les trappistes qui ne pouvaient plus bénéficier de la quiétude nécessaire à leur méditation.© Micberth
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