Vendredi 13 décembre 2024
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Par Jean Ajalbert Référence : MHA10 Date édition : 2020 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-1071-7 Nombre de pages : 504 Première édition : 1933 Reliure : br. Prix: 65.00€ |
Lorsque Jean Ajalbert arrive à Beauvais, en 1917, c'est la guerre. « Le cœur sur la main, tout pavoisé d'innocence », il a des projets de modernisation, de renouveau, d'exposition, de roseraie. La façade rectiligne de la manufacture de basse-lisse lui donne l'allure revêche d'une prison, d'un hôpital ou d'une caserne. Dans les ateliers, il ne reste que les très jeunes et les anciens, une trentaine d'artistes sur quarante étant mobilisés. Craignant que la manufacture s'anémie, Jean Ajalbert s'attèle à améliorer le sort du personnel technique et des élèves-tapissiers. Les salariés obtiennent peu à peu des augmentations sensibles, mais il faudra attendre 1922 pour que l'assimilation du traitement avec les Gobelins soit établie pour les artistes et les élèves. Le 13 décembre 1917, la manufacture, toujours si sombrement fermée, s'entrouvre pour une première conférence. Désormais, de quinzaine en quinzaine, MM. Quignon et Anquetin réunissent leur classe de guerre, à chaque fois accrue. Au 1er janvier 1918, le nouvel administrateur rassemble ses remarques après six mois de tâtonnements. « Il y a un magasin, un magasinier. Cependant tous les ingrédients, de l'encre au savon, des clous à la bougie, traînent aux tiroirs du secrétariat. Á toute heure du jour, le personnel est par la ville pour mettre une lettre à la poste, acheter un litre d'essence, un paquet d'enveloppes. » Il doit alors se battre et vaincre la routine pour changer les habitudes. Les bombardements allemands redoublent et le 6 juin 1918 le ministère décide de licencier le personnel ; le 10 juin, la manufacture ferme. Au milieu du mois de janvier 1919, les caisses expédiées à Blois et celles entreposées au Panthéon reviennent à Beauvais. Par miracle, au regard de la précipitation avec laquelle s'est effectuée l'évacuation, pas un fil n'a été perdu. Les années suivantes, les rapports entre les représentants syndicaux et l'administrateur seront souvent houleux. Jean Ajalbert devra faire face à des « conflits absurdes » et des « réclamations inadmissibles », comme cette campagne menée contre l'éclairage artificiel. Les tapissiers refusant de travailler à la lueur des ampoules, les horaires furent alors répartis sur l'année, en fonction de la clarté du jour. Jean Ajalbert fait ici un récit « piquant et spirituel » de sa fonction de conservateur qui n'eut rien d'une sinécure. Ne se tenant jamais pour battu, il réussit avec bonne humeur et ténacité à redonner vie et moderniser une grande maison sur le déclin.© Micberth
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