Mercredi 11 décembre 2024
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Par Timothée-Louis Houdebine Référence : 3190 Date édition : 2012 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0676-5 Nombre de pages : 288 Première édition : 1923 Reliure : br. Prix: 40.12€ |
Lorsque, au mois de mai 1789, commença la Révolution, personne ne prévoyait les horreurs dont Angers fut le théâtre quelques années plus tard, chacun quel que soit son rang social désirant collaborer à la régénération de la France. Mais dès la fin de l'été 1790, les prêtres entrevirent la venue des mauvais jours. Le 27 novembre, l'Assemblée décréta que tous les ecclésiastiques seraient obligés de prêter serment à la Constitution. Sur les soixante-treize prêtres d'Angers, seulement cinq s'exécutèrent et les expéditions armées débutèrent. Les fidèles, cependant, désertaient les paroisses des prêtres jureurs et suivirent les bons curés qui administraient les sacrements dans les granges, les bois et les champs de genêts. Le poids des impôts, l'exécution du roi, puis la levée en masse furent les événements qui conduisirent un peuple excédé à la révolte qui commença à Saint-Florent-le-Vieil. L'insurrection qui suivit dans la Vendée se déroula comme une croisade. En 1793, les arrestations se faisaient chaque jour par centaines ; nul n'était à l'abri d'une dénonciation et d'un emprisonnement. Les détenus étaient entassés dans les nombreuses prisons de la ville, dans des conditions si déplorables qu'ils étaient décimés par des maladies pestilentielles. « Pour dégorger tout cela », aux interrogatoires sommaires devant le tribunal révolutionnaire dans l'église des Jacobins, se substitua très vite un simple déplacement dans les prisons des membres de la Commission militaire, qui condamnaient à la peine de mort sous leur simple autorité. Au début de janvier 1794, plus de deux mille personnes, hommes et femmes de tous âges, attendaient dans les prisons d'Angers, l'heure d'être conduites à la mort. Pour se débarrasser au plus vite de « ces mangeurs de bon Dieu, de ces brigands qui ne voulaient pas se soumettre aux lois de la République une et indivisible », il fut résolu d'employer un grand moyen : la fusillade en masse. Desvallois, fermier et patriote exalté proposa un de ses champs, dans le parc des anciens moines de Grandmont comme lieu d'exécution. Les 12, 15, 18, 20, 21 et 22 janvier, les 1er et 10 février et le 16 avril, les malheureux destinés à la fusillade furent attachés deux à deux, formant de longues chaînes qui marchaient jusqu'au champ de la mort. Les plus faibles étaient jetés comme des « paquets de linge sale » dans des charrettes réquisitionnées. Les cadavres encore chauds étaient ensuite dépouillés et enterrés dans une telle précipitation que plusieurs victimes auraient été ensevelies vivantes. Au lendemain de Thermidor, ce furent les pèlerins qui suivirent ce même chemin pour venir se recueillir sur ce qui fut appelé, dès 1796, le Champ des Martyrs.© Micberth
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