Jeudi 28 mars 2024
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Par Dom Henri Leclercq Référence : 3029 Date édition : 2011 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0508-9 Nombre de pages : 182 Première édition : 1925 Reliure : br. Prix: 24.34€ |
En ramenant les reliques de saint Benoît du mont Cassin en 703, Aigulfe permit au monastère de Fleury de bénéficier d'une notoriété égale à celle des lieux les plus illustres. La règle sage qu'avait instaurée le saint, qui tempérait les rigueurs exténuantes de l'ascèse des orientaux pour faire plus large la part de la prière et plus féconde celle du travail, avait, en effet, été à l'époque adoptée presque partout. Si son fondateur Léodebod n'avait pas pu, par sa naissance, valoir à Fleury le rang et les privilèges attachés aux fondations royales, l'illustration soudaine qui jaillit sur le monastère grâce à cette translation, attira sur lui la munificence des rois. Pépin le Bref lui accorda l'immunité et l'exemption de tonlieu pour quatre bateaux sur la Loire et participa à l'accroissement considérable de ses biens. Le peuple ne se détournait plus de Fleury et de pieuses légendes dont les moines se faisaient les narrateurs attendris, vinrent faire de la tombe du saint le théâtre d'événements merveilleux. La prospérité fit bientôt place à la richesse, l'abbé fut considéré comme l'un des plus hauts personnages ecclésiastiques et les moines devenus seigneurs temporels et désireux de continuer leurs observances religieuses, furent alors obligés de recourir à des laïques pour se charger de soutenir, de défendre et d'exercer leurs droits. Avoués, maires et baillis vinrent ainsi s'incruster pour de longs siècles dans la fortune monastique. Puis, le IXe siècle ne laissa en France que des ruines ; Fleury était du nombre. Vers le premier quart du Xe siècle, le monastère était entièrement déchu ; quelques moines y vivaient encore, « rapprochés sous un même toit, mais divisés de cœur et d'âme et n'ayant de commun que les vices ». Abbon, homme savant et pieux, élu abbé en 988 et confirmé par Hugues Capet, s'employa à rétablir l'union parmi les moines. Il sut donner à l'enseignement prodigué à l'abbaye une réputation qui attira de nombreux jeunes et enrichit considérablement la bibliothèque, instaurant une période de prospérité spirituelle et temporelle. Mais bientôt les écoles monastiques où l'instruction était considérée comme médiocre et les divertissements calqués sur les drames de saint Nicolas, furent désertées au profit des écoles parisiennes. Lentement, Saint-Benoît-sur-Loire s'achemina vers la ruine. Á la fin du XIIIe siècle, tous les droits et revenus à percevoir sous des formes si variées, dîmes, champarts, péages, tonlieux se volatilisaient entre les mains des intermédiaires et compromettaient la réputation des moines. Le nombre des religieux dut alors être considérablement réduit.© Micberth
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