PRÉMONTRÉ. Étude sur l'abbaye de ce nom, sur l'ordre qui y a pris naissance

Par Charles Taiée

Référence : 2889
Date édition : 2010
Format : 14 X 20
ISBN : 978-2-7586-0356-6
Nombre de pages : 436
Première édition : 1872
Reliure : br.

Prix: 54.77€

À une époque où l'exemple d'un chef n'entraînait plus le baptême d'une foule considérable, où les terreurs de l'an mille étaient oubliées, où les déceptions de la première croisade occultaient le triomphe final, où l'Église était violemment attaquée, un ordre nouveau sut se propager. Il trouva « dans la sagesse et la sévérité de ses règles, l'inattaquable orthodoxie de sa foi, le caractère éminent de son fondateur, les forces nécessaires pour combattre les hérésies, propager les saintes croyances, affermir l'autorité du Saint-Siège ». Son fondateur, Norbert, qui avait vécu dans la cour des princes et figuré dans les conseils des rois, s'attacha à former une association nombreuse d'hommes désintéressés, humbles, pieux, forts par la science et la parole, étrangers à toute ambition mondaine. Des seigneurs, des femmes puissantes, des fils de princes vinrent échanger leurs titres et leurs richesses contre les austérités du monastère. Quelques-uns, comme Thibault de Champagne, composèrent une sorte de tiers ordre ; ils demeuraient dans le monde, portaient sous leurs habits un scapulaire semblable à celui des Prémontrés et tenaient ces derniers comme leurs directeurs de conscience. Les dons furent innombrables, permettant de fonder de nouveaux monastères dépendant de la maison chef d'ordre de Prémontré. En cent ans, l'institution s'était prodigieusement agrandie. Mais un certain nombre de monastères de l'ordre périrent par insuffisance de revenus ou par l'imprévoyance de leurs dirigeants. Puis les guerres des Anglais, les luttes seigneuriales, les discordes civiles, la profanation des lieux saints, les attaques réciproquement acharnées entre le pouvoir religieux et le pouvoir séculier, auxquels s'ajoutaient au plus haut rang du pouvoir une cupidité insatiable et une avarice monstrueuse, furent les écueils au milieu desquels les fidèles de Norbert, jusque-là respectables et respectés, durent se débattre pendant deux siècles. L'ordre finit par tomber décemment, après une longue, utile et brillante carrière, mais s'étant décomposé dans son esprit, sécularisé dans ses habitudes, accoutumé au bien-être, à la vie commode et à l'oisiveté élégante.
© Micberth

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